Bâtiment de demain : vers une symbiose entre performance, confort et conscience écologique
Soyons réalistes, nous vivons une guerre énergétique inédite. Alors que l’électricité était deux fois moins chère en France qu’en Allemagne ou en Italie avant ce contexte inflationniste, le pays connaît aujourd’hui une hausse des prix sans précédent. Il se retrouve en réalité confronté à des problématiques causées par des choix politiques passés manquant cruellement de projection. Bref, la crise que nous connaissons est en train de faire bouger sérieusement les lignes. L’histoire nous prouve cependant que ce sont dans des épisodes assez extrêmes que le meilleur réussit à émerger. Si la situation va hélas s’installer durablement, une issue vers un nouveau modèle de production énergétique est possible.
Une situation inéluctable
Malgré la prolongation du « bouclier tarifaire » destiné à limiter la hausse du coût pour le consommateur, la crise est bien là : le montant du prix de gros de l’électricité en France a atteint, à la fin d’août, 1 000 euros le mégawattheure (MWh). Cette flambée qui touche l’Europe dans son ensemble et n’épargne pas la France trouve son origine dans la conjonction de plusieurs facteurs : une reprise économique et industrielle forte, la guerre en Ukraine qui a eu un impact sur l’importation du gaz naturel et par ricochet sur le prix de l’électricité, et enfin, l’état du parc nucléaire (seuls 24 réacteurs sur 56 étaient opérationnels le 1er septembre dernier) obligeant la France – habituellement autosuffisante et même exportatrice – à se fournir sur le marché européen.
Quoi qu’il arrive, même si la France retrouve ses avantages compétitifs et que les prix redescendent en 2024/2025 et pas avant, ils n’atteindront jamais le niveau d’avant crise. Ils plafonneront au mieux autour des 200 euros (versus 50 en 2020). Mais il ne s’agit là que d’un aspect de cette crise, sans parler des tensions sur le réseau électrique qui s’avèrent plus que probables d’après RTE. Quid de la compétitivité des industriels ? À court terme, cette situation présente des risques. Plusieurs hypothèses se profilent, à commencer par la moins souhaitable d’entre toutes, des fermetures… Rares seront les entreprises qui décideront d’investir massivement pour réaliser des économies d’énergie. La plupart opteront pour une délocalisation au mieux partielle ou bien une augmentation de leurs prix. Cette situation ne nous permettrait-elle pas de prendre pleinement conscience de notre dépendance aux énergies fossiles ou à l’énergie « bon marché » à laquelle la France a été habituée grâce à un parc nucléaire aujourd’hui vieillissant ?
Une sortie vers l’indépendance et l’exemplarité ?
Depuis quelques mois, les EnR sont enfin perçues comme des ressources à exploiter majoritairement. Avec le Photovoltaïque et l’éolien, le coût de revient s’élève autour de 50 euros (mais il s’agit d’une énergie intermittente). Produire davantage à partir du renouvelable serait par conséquent plus avantageux et favoriserait l’expansion d’un cercle vertueux. Pour cela, il faut toutefois revoir en profondeur le marché de l’électricité. On constate d’ailleurs que les gouvernements commencent à se positionner là-dessus. « Le marché de l’électricité ne fonctionne plus (…). Il faut l’adapter à la réalité nouvelle des énergies renouvelables (ENR) dominantes, car [il] a été conçu il y a vingt ans quand les ENR étaient marginales ». Il y a par ailleurs une accélération des annonces de leur part pour faciliter l’émergence des énergies renouvelables, tels que les contrats PPA (mécaniques de garantie avec des prix planchers).
Pour aller dans le sens de la baisse des émissions de carbone à long terme, d’autres solutions existent : les pompes à chaleur qui viennent supplanter progressivement les chaudières à gaz, les dispositifs de pilotage intelligent qui vont rendre les systèmes énergétiques plus efficients. Mais aussi des projets dédiés à l’innovation vertueuse comme le smart grid appliqué aux véhicules électriques (la batterie de la voiture électrique va servir à alimenter un bâtiment le temps où elle n’est pas utilisée). Ou encore l’hydrogène qui permettrait de stocker l’énergie qui serait fabriquée à partir du renouvelable. Associer ces deux ressources serait le moyen de devenir ultra compétitif et surtout complètement indépendant. Plus encore, de renverser définitivement le modèle énergétique et économique que nous connaissons.
L’Europe entre en crise et doit se préparer à vivre des années compliquées. Elle peut néanmoins en sortir gagnante et devenir le leader en matière de décarbonation. Érigée en exemple sur la scène internationale, elle aura les moyens d’aider les pays en développement et de changer la face du monde : le pétrole n’aura plus le monopole.
PPA : Power Purchase Agreement, littéralement « contrat d’achat d’électricité » est un contrat de livraison d’électricité conclu à long terme entre deux parties, généralement un producteur et un acheteur d’électricité (consommateur ou négociant). (Source Qu’est-ce qu’un Power Purchase Agreement (PPA) ?)