Bâtiment de demain : vers une symbiose entre performance, confort et conscience écologique
La qualité de l’air est devenue un enjeu majeur, autant sur le plan de la santé publique que sur celui de l’économie. En effet, nous passons en moyenne 85% de notre temps dans des espaces clos, que ce soient des bureaux, des magasins, ou des plateformes logistiques.
Dans ce contexte, la mauvaise qualité de l’air des bâtiments est estimée à coûter 19 milliards d’euros par an en France. L’amélioration de la qualité de l’air intérieur est donc devenue une question cruciale, à laquelle les installateurs et les gestionnaires de bâtiments peuvent apporter des solutions innovantes.
La qualité de la vie et des conditions de travail (QVCT) est un enjeu majeur pour les entreprises. Elle contribue à la performance économique, au bien-être des salariés et à la satisfaction des clients. Parmi les facteurs qui influencent la QVCT, la qualité de l’air au travail est de plus en plus considérée comme un élément essentiel.
Cette prise de conscience est renforcée par les faits suivants :
- L’air à l’intérieur des bâtiments est souvent pollué, jusqu’à cinq fois plus que l’air extérieur.
- La pollution intérieure a des conséquences graves, comme l’indique la revue “Science of the Total Environment”, avec plus de quatre millions de décès annuels dans le monde attribués à cette forme de pollution.
- Un quart de la population mondiale souffre d’allergies, soulignant l’impact direct de la qualité de l’air sur la santé.
Qu’est-ce qu’une bonne qualité de l’air intérieur ?
La qualité de l’air intérieur se mesure à travers plusieurs paramètres, notamment la concentration en polluants tels que les particules fines, les composés organiques volatils (COV), les gaz toxiques, et le taux d’humidité. Une bonne qualité de l’air implique des niveaux de polluants faibles, un taux d’humidité optimal, une température confortable, et un renouvellement d’air suffisant.
Les effets sur la santé d’une mauvaise qualité de l’air
Une mauvaise qualité de l’air est associée à des problèmes respiratoires, des allergies, des maux de tête, des troubles de sommeil, voire des maladies plus graves comme le cancer du poumon et les maladies cardiovasculaires. Les systèmes de ventilation jouent un rôle essentiel dans la préservation de la santé des occupants des bâtiments, en permettant d’éliminer les polluants et de maintenir des conditions de confort.
Assurer une qualité d’air optimale dans les espaces de travail et les lieux publics est également crucial pour la productivité. Des études, comme celle de l’Université Harvard en 2015, ont montré une baisse significative, jusqu’à -21 %, des performances cognitives des employés en cas d’augmentation de la concentration de CO2 à plus de 400 ppm. Une hausse de plus de 500 µg/m3 dans les composés organiques volatils (COV) entraîne une réduction de la performance cognitive pouvant atteindre -13 %.
Avec 13 709 immeubles accueillant plus de 50 personnes et dépassant les 650 m2, les installateurs ont un potentiel considérable. En 2017, l’Observatoire de la qualité de l’air a révélé que 38 % des bureaux équipés de chauffage conventionnel dépassaient les 1000 ppm de CO2 pendant plus d’une heure par jour. De plus, 72 % des bureaux (et 86 % des logements) dépassaient la valeur guide de qualité d’air intérieur (VGAI) de 10 µg/m3.
Bien que de nombreuses études portent sur la pollution extérieure, nous passons 90 % de notre temps à l’intérieur, souligne Jose Guillermo Cedeno Laurent, auteur principal d’une étude publiée dans Environmental Research Letters. Leur recherche, menée sur 302 employés de bureau dans six pays, a duré un an, s’arrêtant en mars 2020 avec les confinements liés à la pandémie de COVID-19.
Les participants, âgés de 18 à 65 ans, travaillaient au moins trois jours par semaine dans des bureaux où ils occupaient un poste fixe. Des capteurs mesuraient en temps réel les concentrations de particules fines (PM2.5), de dioxyde de carbone, de température et d’humidité. Des tests cognitifs étaient réalisés à des moments préprogrammés ou en fonction des niveaux de PM2.5 ou de CO2.
En général, les concentrations de CO2 en extérieur avoisinent les 400 ppm, et 1000 ppm est souvent considéré comme un maximum en intérieur.
Quelles solutions techniques existent pour répondre à ces enjeux sanitaires ?
- Pour améliorer la qualité de l’air intérieur, il est essentiel d‘intégrer des solutions techniques efficaces dans les bâtiments professionnels. Cela inclut l’installation de systèmes de ventilation performants, la surveillance constante de la qualité de l’air, l’utilisation de matériaux de construction à faibles émissions de polluants, et la mise en place de politiques de gestion de l’air intérieur.
- Les systèmes de ventilation modernes sont conçus pour éliminer les contaminants de l’air intérieur tout en optimisant la consommation d’énergie. Ils intègrent des filtres sophistiqués et des systèmes de récupération de chaleur pour garantir un air sain tout en minimisant les pertes énergétiques. De plus, des capteurs de qualité de l’air permettent de surveiller en temps réel les niveaux de polluants, ce qui facilite la réactivité en cas de problèmes.
- La performance énergétique, contributrice d’une meilleure qualité de l’air. Le pilotage énergétique des bâtiments constitue un élément clé dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur des bâtiments professionnels. Cette approche repose sur l’installation stratégique de capteurs de qualité de l’air dans les espaces, permettant de collecter en temps réel des données précises sur les niveaux de polluants, l’humidité, la température, et d’autres paramètres cruciaux.
- Les capteurs informent des systèmes intelligents et des énergéticiens qualifiés, qui sont chargés de piloter et de commander les équipements énergivores, tels que les systèmes de ventilation, d’aération, et de chauffage, ventilation et climatisation (CVC). Grâce à cette approche, il est possible d’ajuster de manière dynamique les performances de ces systèmes en fonction des besoins réels, favorisant ainsi l’efficacité énergétique tout en garantissant un air intérieur sain.
- Par exemple, en cas de détection d’une augmentation des niveaux de polluants, les systèmes de ventilation peuvent être activés pour éliminer rapidement ces contaminants, contribuant ainsi à préserver la santé des occupants. Le pilotage énergétique offre donc une gestion proactive de la qualité de l’air intérieur en optimisant simultanément la consommation d’énergie, un atout majeur pour les bâtiments professionnels soucieux de la santé de leurs occupants et de leur empreinte écologique.
Les impacts du décret BACS sur la qualité de l’air intérieur des bâtiments
Le décret BACS (Building Automation & Control Systems), du 20 juillet 2020, établit les exigences pour l’installation de systèmes d’automatisation et de contrôle des bâtiments dans le cadre du décret tertiaire visant à réduire la consommation énergétique. Ce décret s’applique à tous les bâtiments tertiaires non résidentiels qui disposent d’un système de chauffage, de climatisation, ou combiné à un système de ventilation, avec une puissance nominale supérieure à 290 kW.
Ce décret vise à améliorer la performance énergétique des bâtiments, mais il a également des impacts positifs sur la qualité de l’air intérieur. En effet, les systèmes de GTB permettent de mieux contrôler les systèmes de ventilation et de climatisation, ce qui contribue à réduire les concentrations de polluants dans l’air intérieur.
Plus précisément, les systèmes de GTB peuvent permettre de :
- Augmenter le taux de renouvellement d’air, ce qui contribue à diluer les polluants présents dans l’air.
- Réduire les écarts de température entre l’intérieur et l’extérieur, ce qui limite la formation de moisissures et de bactéries.
- Optimiser la distribution de l’air, ce qui permet de garantir une bonne qualité de l’air dans tous les espaces du bâtiment.
Selon une étude de l’ADEME, l’installation d’un système de GTB peut permettre de réduire les concentrations de CO2 dans l’air intérieur de 20 à 30 %. Cette réduction peut avoir des effets bénéfiques sur la santé des occupants, en réduisant le risque de fatigue, de maux de tête et de troubles de la concentration.