Bâtiments intelligents : piloter l’efficacité énergétique en temps réel
Développement durable, économie d’énergie dans le bâtiment, loi Elan, décret tertiaire, hausse des prix de l’énergie… Nous en entendons parler tous les jours, d’autant plus que le bâtiment représente un des plus gros pôles de consommation d’énergie en France. Nombre de solutions et technologies fleurissent pour aider les entreprises à naviguer à travers les différentes contraintes et vers les opportunités. Mais qu’est-il du rôle de l’humain dans ces sujets ?
Les usages quotidiens : un impact considérable
Alors que les nouvelles technologies liées à l’IoT et au Big Data se multiplient dans la performance énergétique et plus généralement, dans l’activité des bâtiments, le facteur humain reste le plus important pour générer des économies d’énergies ou des actions environnementales.
Et, avant de connecter votre bâtiment et faire appel à un service de pilotage à distance de vos équipements – le plus efficace aujourd’hui pour maximiser son exploitation – il y a beaucoup d’actions rapides, simples et efficaces à enclencher par les utilisateurs.
Tout commence par l’approche des occupants quant à la consommation d’électricité. Là où à la maison, la facture et les lumières restées éteintes impactent directement le portefeuille, il est vrai qu’au bureau ou dans les bâtiments publics, le sentiment est tout autre.
La première action est donc de sensibiliser les personnes au gestes éco-responsables et expliquer de l’enjeu n’est pas dans “qui paie la facture” mais “quelles conséquences” nos habitudes de consommations peuvent avoir sur l’environnement et sur l’utilisation des ressources énergétiques. Que ce soit au foyer ou en dehors, les usages de chacun devraient contribuer aux économies d’énergie.
La lumière n’est bien entendu pas le seul levier d’une bonne transition énergétique : le chauffage reste aujourd’hui l’un des plus grosses dépenses des ménages et des entreprises. Et comme pour la lumière, là où nous faisons attention de ne pas alourdir la facture à la maison en gardant le chauffage à 20°, il est plus facile de remonter la température jusqu’à 25° en hiver. Néanmoins, le confort thermique idéal se situe près des 20° et cette température est suffisante pour préserver un confort thermique optimal pour les occupants.
L’utilisateur responsable a un énorme impact sur l’optimisation de l’énergie d’autant plus qu’il existe des moyens pour trouver le juste équilibre en consommation et confort.
Les nouvelles technologies : auto-suffisantes ?
On pense souvent à tort que la technologie permet de tout automatiser. Mais une technologie, aussi parfaite soit elle, sans contrôle humain, présentera nécessairement des dérives ou un manque d’optimisation.
En effet, de plus en plus de bâtiments dits “connectés” voient leurs performances décroitre avec le temps et rencontrer multiples dysfonctionnements. La première année, les systèmes installés fonctionnent sans surveillance mais au fur et à mesure de l’évolution du bâtiment, la multitude de systèmes qui ont été programmés initialement finissent, par manque d’attention, à ne plus répondre aux attentes.
L’intervention humaine reste donc essentielle à la bonne exploitation des sites et complémentaires aux automatisations ; par exemple pour un bâtiment dont l’utilisation prévue initialement de 13 heures passerait à 10h. Un mainteneur ou un technicien ou un énergéticien doit réajuster les paramètres afin d’optimiser l’exploitation et continuer de générer des économies d’énergie.
Au final, les technologies sont un excellent outil pour gérer l’activité dans les bâtiments mais elles restent une aide maitrisée dans le temps, à l’humain ; que ce soit pour maîtriser les consommations, maximiser l’exploitation ou simplement dans une démarche de développement durable.
Le suivi énergétique : l’atout humain
Dans le secteur des bâtiments et dans les métiers de maintenance et de gestion des sites, les analyses de la consommation et le le suivi énergétique prennent de plus en plus d’importance dans les réflexions sur l’activité des entreprises.
Parallèlement à cela, ces dernières années, les industries ont pris le virage de la digitalisation. Il en résulte une production élevée de données énergétiques issues de compteurs, de capteurs, de machines, d’automates, d’objets connectés etc. Ces informations constituent une véritable mine d’or, souvent sous-exploitée.
Nombre de technologies et d’outils permettent aujourd’hui de suivre en temps réels ces données et de remonter des informations critiques sur l’activité, comme des pannes ou des dysfonctionnements. Cependant, ces alertes demeurent insuffisantes car elles n’apportent pas de solution ou d’action.
Et parce que pointer du doigt les dysfonctionnements ne suffit pas, l’intervention humaine reste essentielle à la bonne exploitation d’un bâtiment. Par exemple, si la consommation d’un site augmente lorsqu’il fait chaud, pourquoi ne pas installer des panneaux photovoltaïques comme solution ? Les données et les technologies qui permettent de les collecter et les remonter ne peuvent pas la décision d’investissement.
C’est bel et bien la combinaison de l’expérience humaine et de la précision des données qui améliorera durablement la performance énergétique du bâtiment. Et à ce titre, il doit rester maître de la transition énergétique.
Enfin, si bien souvent un bâtiment est construit dans un but spécifique, sa durée de vie, comprise en moyenne entre 50 et 100 ans, implique forcément une évolution de ses principales fonctions. Des bureaux peuvent se transformer en piscine, en hôtel, etc.
Autant d’exemples qui montrent que se passer de l’humain dans un projet d’optimisation énergétique reste une hypothèse ni souhaitable, ni réaliste, ni probante.
Par Alric MARC, directeur général d’EFICIA.