
La montée en puissance des réglementations énergétiques et la nécessité pour les entreprises de réduire leur impact environnemental transforment profondément la manière dont les bâtiments tertiaires sont conçus, exploités et optimisés. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de contrôler les consommations d’énergie à postériori, mais bien d’agir en continu pour piloter les installations en temps réel, en les adaptant aux usages, aux conditions climatiques et aux contraintes réglementaires.
Dans cette dynamique, le monitoring en temps réel, couplé à un pilotage énergétique intelligent, constitue une réponse efficace, structurée et durable. Il offre aux gestionnaires une capacité à anticiper, à ajuster et à pérenniser la performance énergétique de leurs bâtiments. Cet article propose une exploration approfondie de cette synergie technologique, en détaillant ses avantages, ses conditions de succès et ses perspectives.
Comprendre les enjeux de la gestion énergétique dans les bâtiments tertiaires
Les bâtiments tertiaires sont responsables d’environ 20 % de la consommation énergétique finale en France, ce qui en fait une cible prioritaire des politiques publiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Face à cette réalité, les pouvoirs publics ont mis en place deux réglementations complémentaires : le décret Tertiaire et le décret BACS.
Le premier fixe une obligation de résultats : les bâtiments tertiaires doivent réduire leur consommation énergétique de 40 % d’ici 2030, de 50 % d’ici 2040 et de 60 % à l’horizon 2050. Le second, le décret BACS, impose une obligation de moyens : les bâtiments dont les systèmes techniques dépassent 70 kW doivent s’équiper d’une Gestion Technique du Bâtiment (GTB) performante d’ici 2025 ou 2027 selon la puissance installée. Cette GTB doit permettre le suivi, l’analyse et l’optimisation des consommations énergétiques.
Cette évolution réglementaire montre que la simple installation d’un système technique ne suffit plus. Ce sont désormais la qualité du pilotage, l’exploitation des données, et l’adaptabilité du système qui font la différence entre conformité et performance.
Monitoring en temps réel : un socle technologique essentiel
Le monitoring énergétique en temps réel désigne la capacité à collecter, analyser et visualiser en continu les données liées au fonctionnement des équipements techniques d’un bâtiment : consommation électrique, température ambiante, taux d’humidité, qualité de l’air, taux de CO₂, présence des occupants, fonctionnement des systèmes CVC (chauffage, ventilation, climatisation), entre autres.
Grâce à une infrastructure de capteurs intelligents, connectés à un système central, chaque composante du bâtiment devient une source d’information. Ces données sont agrégées sur une interface unique, souvent hébergée dans le cloud, qui offre une vue synthétique et détaillée des performances énergétiques du bâtiment.
Cette surveillance continue permet, par exemple, de repérer immédiatement une surconsommation due à un appareil mal réglé ou en panne, d’identifier les plages horaires les plus énergivores ou encore d’anticiper une dérive de consommation avant qu’elle ne devienne coûteuse. Elle ouvre ainsi la voie à une gestion proactive plutôt que corrective.
Contrairement à un audit ponctuel, le monitoring temps réel installe une logique d’amélioration continue, où chaque donnée devient une opportunité d’ajustement. Il permet de sortir d’une vision figée pour entrer dans un pilotage dynamique, réactif et piloté par la donnée.
Le pilotage énergétique : transformer la donnée en action
Le pilotage énergétique désigne l’ensemble des actions automatiques ou manuelles, basées sur les données, visant à optimiser la consommation énergétique d’un bâtiment. C’est l’aboutissement logique du monitoring : une fois les données collectées, encore faut-il les exploiter efficacement pour en tirer des gains opérationnels.
Grâce à des algorithmes avancés, le système peut analyser les conditions d’exploitation d’un bâtiment (température intérieure, affluence, horaires d’ouverture, météo extérieure, tarifs d’énergie) et ajuster en temps réel les paramètres de fonctionnement des équipements. Par exemple, la température peut être abaissée en période de faible occupation, ou la ventilation optimisée selon la concentration de CO₂ dans l’air. Ces ajustements sont continus, pilotés à distance, et personnalisés en fonction des spécificités de chaque site.

L’intégration de l’intelligence artificielle renforce considérablement l’efficacité du pilotage. L’IA apprend le comportement thermique d’un bâtiment, modélise son inertie, anticipe les besoins futurs, et propose des scénarios d’optimisation en amont. Grâce à cette approche, les bâtiments deviennent plus intelligents, plus réactifs, et moins énergivores.
Des résultats concrets ont été observés sur le terrain. Leroy Merlin, Cultura ou encore Bils-Deroo ont réduit leur consommation énergétique jusqu’à 20 % en un an, grâce à une GTB bien exploitée. Ces économies sont obtenues sans dégrader le confort, bien au contraire : une meilleure régulation thermique ou lumineuse améliore souvent le bien-être des occupants.
En somme, le pilotage énergétique est le bras armé du monitoring : il transforme les données en décisions concrètes, en réglages optimisés et en résultats mesurables.
Une GTB interopérable et bien pilotée : la clé de la performance globale
Pour maximiser les bénéfices du monitoring en temps réel et du pilotage énergétique, encore faut-il s’appuyer sur une GTB robuste, ouverte et évolutive. Celle-ci joue le rôle de colonne vertébrale du système énergétique du bâtiment.
Une GTB interopérable est capable de communiquer avec tous les équipements existants ou futurs : capteurs IoT, compteurs communicants, bornes de recharge, systèmes photovoltaïques, dispositifs de régulation CVC… Elle assure la cohérence de l’ensemble, évitant les silos techniques et facilitant les évolutions.
Mais la technologie seule ne suffit pas. Le succès d’un projet repose aussi sur une approche structurée :
- Tout commence par un audit énergétique, indispensable pour dresser l’état des lieux et définir les scénarios d’action.
- Vient ensuite la mise en place d’une infrastructure de mesure, avec installation de capteurs, définition des zones de mesure, paramétrage des seuils d’alerte.
- Puis s’ajoute un pilotage dynamique, assuré par une plateforme intelligente (comme celle d’EFICIA) associée à une équipe d’énergéticiens en support 24/7.
- Enfin, la formation des équipes internes et une conduite du changement efficace sont cruciales pour pérenniser les résultats et maintenir l’engagement des parties prenantes.
À ces éléments s’ajoute une opportunité financière non négligeable : des aides via les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) peuvent couvrir une partie substantielle de l’investissement, à condition de respecter les critères techniques de performance (régulation de classe B ou A, suivi horaire des données, interopérabilité, etc.).
Enfin, la perspective d’avenir est prometteuse. L’intégration de jumeaux numériques, de systèmes prédictifs, d’optimisation tarifaire selon les heures pleines/heures creuses, ou encore de modules de recharge intelligente pour véhicules électriques permet d’envisager une gestion énergétique augmentée, plus fine, plus économique, plus durable.
Adopter une démarche couplée de monitoring en temps réel et de pilotage énergétique intelligent n’est plus une simple option, mais une nécessité stratégique pour les propriétaires et gestionnaires de bâtiments tertiaires. Face aux exigences réglementaires croissantes, à la volatilité des prix de l’énergie et aux attentes sociétales en matière d’impact environnemental, seuls les bâtiments intelligents, flexibles et pilotés par la donnée seront en mesure de concilier performance et durabilité.
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