La transition énergétique en Europe est aujourd’hui un objectif prioritaire, visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour atteindre les objectifs climatiques. Dans cette démarche, le secteur du bâtiment joue un rôle central puisqu’il représente près de 40 % de la consommation énergétique et 36 % des émissions de GES dans l’Union européenne. Pour répondre à ces enjeux, des réglementations européennes et nationales, comme la directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) et le décret BACS en France, imposent des mesures permettant de transformer ces bâtiments en modèles de sobriété et d’efficacité énergétique.
Cet article présente les objectifs et implications du décret BACS et de la directive EPBD. Il explore les exigences techniques, les bénéfices attendus pour les bâtiments tertiaires, ainsi que les défis techniques liés à leur mise en conformité. Enfin, nous aborderons les perspectives offertes par ces réglementations pour un avenir durable.
Décryptage du décret BACS en France
Le décret BACS (Building Automation & Control Systems) est un des axes principaux de la stratégie française pour réduire la consommation énergétique dans le secteur tertiaire. Ce décret impose l’installation de systèmes de Gestion Technique du Bâtiment (GTB) dans les bâtiments tertiaires pour optimiser et rationaliser la consommation d’énergie.
L’objectif du décret BACS est d’encourager les bâtiments tertiaires à devenir autonomes et responsables dans leur gestion de l’énergie. D’ici 2025, les bâtiments dotés de systèmes de plus de 290 kW devront être équipés d’une GTB. Cette obligation s’étend aux bâtiments avec des installations techniques dépassant 70 kW d’ici 2027. Pour être en conformité avec ce décret, les systèmes de GTB doivent permettre un suivi en temps réel de la consommation énergétique, combiné à une analyse continue des données et à un pilotage 24/7. Cela permet non seulement d’identifier les anomalies et les surconsommations, mais aussi de réguler automatiquement les systèmes en fonction des besoins réels, qu’il s’agisse de chauffage, de climatisation ou d’éclairage.
Les avantages d’installer une GTB et de la faire piloter, et donc de répondre aux exigences du décret BACS sont multiples. En permettant une gestion plus fine et réactive, cette réglementation pourrait réduire la consommation énergétique des bâtiments tertiaires de 20 à 40 %. De plus, ces systèmes contribuent au confort des occupants en ajustant les paramètres énergétiques selon l’utilisation des espaces. Enfin, l’archivage des données énergétiques permet un suivi rigoureux et garantit la conformité réglementaire sur le long terme.
La directive européenne EPBD : objectifs et nouvelles exigences de 2024
La directive européenne EPBD (Energy Performance of Buildings Directive) établit le cadre législatif pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments au niveau européen. S’inscrivant dans le Pacte vert européen, cette directive révisée en 2024 vise à harmoniser les pratiques énergétiques dans l’Union européenne, en imposant des normes strictes pour les bâtiments non résidentiels.
La France, en particulier, a anticipé certaines mesures de l’EPBD. Par exemple, le décret Tertiaire oblige les propriétaires et locataires de bâtiments tertiaires à réduire leur consommation énergétique de manière progressive. De même, le décret BACS impose l’installation de systèmes de gestion technique dans certains bâtiments pour optimiser la gestion de l’énergie. En Europe, d’autres pays comme l’Allemagne renforcent également leurs exigences réglementaires pour construire des bâtiments plus intelligents et performants.
La directive EPBD impose un calendrier d’introduction des systèmes BACS dans les bâtiments non résidentiels, avec des échéances en 2024 et 2029 en fonction de la puissance installée. En plus de l’installation de systèmes de gestion technique, la directive introduit l’Indice de Préparation à l’Intelligence (SRI), qui évalue la capacité des bâtiments à intégrer des technologies intelligentes. Ce dispositif encourage l’adoption de solutions technologiques avancées pour une gestion proactive de l’énergie. L’objectif est d’inciter les gestionnaires à moderniser leurs bâtiments pour en faire des infrastructures connectées et efficaces.
Bien que la directive EPBD adopte une approche harmonisée, elle permet aussi d’adapter les exigences aux spécificités nationales, comme en France. Cette harmonisation facilite l’adoption de bonnes pratiques énergétiques tout en tenant compte des particularités de chaque pays.
Le fleurissement des règlementations en Europe va permettre d’accélérer la mise en œuvre de pratiques durables dans les bâtiments notamment sous l’impulsion de la Directive 2024/1275 qui vise à réduire significativement nos consommations d’énergie (EPBD) dans le prolongement des réglementations françaises BACS et Tertiaire.
Exigences techniques des systèmes GTB dans le cadre de la réglementation
Pour être en conformité avec le décret BACS et la directive EPBD, les systèmes de Gestion Technique du Bâtiment doivent remplir plusieurs exigences techniques.
D’abord, les GTB doivent permettre une surveillance et une analyse continue de la consommation énergétique. Avec des capteurs et une connexion en temps réel, les gestionnaires de bâtiments peuvent visualiser la consommation des équipements de chauffage, de ventilation et de climatisation pour détecter et corriger les gaspillages. Une GTB conforme doit aussi être interopérable avec d’autres systèmes de gestion pour centraliser les données sous une interface unique, ce qui est essentiel pour les grandes structures où plusieurs systèmes fonctionnent en synergie.
En plus, les GTB doivent être capables d’assurer une maintenance prédictive. Grâce aux alertes et à l’analyse continue des données, elles anticipent les pannes et prolongent la durée de vie des équipements. Cette approche préventive limite les interruptions de service et réduit les coûts d’entretien.
Les données collectées doivent également être archivées pour garantir la conformité réglementaire et faciliter les audits. Enfin, la GTB doit être ouverte et évolutive, permettant d’intégrer de nouveaux équipements et capteurs afin de suivre les avancées technologiques.
Avantages, défis et perspectives d’avenir des systèmes GTB et BACS
Les systèmes GTB et BACS offrent des avantages significatifs pour rendre les bâtiments plus intelligents, économes en énergie et confortables pour les occupants. Cependant, leur mise en œuvre représente également des défis, avec des perspectives intéressantes pour l’avenir.
Sur le plan économique, ces systèmes permettent de réduire les coûts opérationnels de manière significative. En optimisant la régulation des équipements, les GTB génèrent des économies d’énergie avec un retour sur investissement pouvant atteindre 30 %. Sur le plan environnemental, ces technologies contribuent à la réduction des émissions de CO2 et s’inscrivent dans les objectifs de neutralité carbone fixés par l’Union européenne. Elles améliorent aussi le confort des occupants en ajustant automatiquement les paramètres énergétiques en fonction de l’utilisation des locaux, créant ainsi un environnement de travail sain et agréable.
Cependant, une GTB, aussi performante soit-elle, peut rapidement devenir contre-productive si elle n’est pas correctement pilotée. Sans une supervision et des ajustements continus, les paramètres programmés initialement risquent de devenir obsolètes face aux évolutions des usages, des horaires d’occupation ou des conditions climatiques. Cela mène inévitablement à des dérives énergétiques, telles que des systèmes de chauffage, ventilation ou éclairage fonctionnant en dehors des besoins réels. À long terme, ces défaillances entraînent des surconsommations significatives, annulant les bénéfices attendus de l’investissement dans une GTB. Pour garantir des résultats durables et optimiser la performance énergétique des bâtiments, il est essentiel d’accompagner la GTB d’un pilotage actif et régulier. Cela passe par des outils d’analyse en temps réel et une expertise humaine capable de traduire les données collectées en actions concrètes.
Dans les bâtiments tertiaires, plusieurs dérives courantes peuvent survenir en l’absence d’un pilotage actif de la GTB. Voici quelques exemples concrets :
- Systèmes de chauffage et climatisation mal synchronisés :
Il est fréquent que le chauffage fonctionne en même temps que la climatisation, notamment lors des intersaisons, faute de réglages précis. Cette situation entraîne une double dépense énergétique inutile. - Éclairage actif en dehors des heures d’occupation :
Sans scénarios adaptés ou capteurs de présence fonctionnels, l’éclairage des bureaux, couloirs ou parkings reste souvent allumé en continu, y compris la nuit ou les week-ends. - Défauts de régulation des températures :
Dans certaines zones, les températures programmées peuvent rester inadaptées aux besoins réels, comme des bureaux surchauffés en hiver ou trop climatisés en été. Cela résulte souvent d’un mauvais paramétrage ou d’un manque de suivi. - Surventilation ou absence de modulation des débits d’air :
Les systèmes de ventilation fonctionnent souvent à plein régime, même lorsque l’occupation est faible ou nulle, gaspillant ainsi de l’énergie. - Équipements non prioritaires actifs en permanence :
Les équipements secondaires (comme les serveurs de sauvegarde, les distributeurs automatiques ou certaines unités techniques) peuvent rester sous tension alors qu’ils pourraient être mis en veille ou programmés. - Incohérences dans les scénarios d’automatisation :
Des scénarios mal définis ou non ajustés avec le temps peuvent provoquer des anomalies, comme le déclenchement intempestif des stores en dehors des variations réelles d’ensoleillement, empêchant une gestion optimale de l’apport solaire. - Défaut de maintenance proactive :
Sans surveillance régulière, les capteurs ou actionneurs (vannes, thermostats, etc.) tombent en panne ou deviennent imprécis, entraînant des pertes d’efficacité dans l’ensemble du système.
Ces dérives démontrent l’importance d’un pilotage actif et continu de la GTB, combinant technologie et expertise humaine, pour garantir l’efficacité énergétique et éviter une escalade des coûts sur le long terme.
Aussi, l’intégration d’une GTB dans des bâtiments existants peut être complexe et coûteuse, surtout pour les infrastructures anciennes qui nécessitent parfois des rénovations lourdes. Bien que des aides financières existent, le coût initial d’implémentation reste un frein pour certaines entreprises, qui doivent envisager un retour sur investissement à moyen ou long terme. La résistance au changement chez certains gestionnaires ou occupants rend également indispensable la formation des équipes, afin de les sensibiliser aux bénéfices de ces nouvelles technologies.
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et de l’Internet des objets (IoT) dans les systèmes GTB promet de transformer la gestion énergétique des bâtiments. L’IA et les capteurs connectés permettent une gestion prédictive en temps réel, optimisant les consommations d’énergie selon les conditions météorologiques, l’occupation et les besoins spécifiques des bâtiments. Une approche coordonnée au niveau européen pourrait faciliter la standardisation et maximiser les bénéfices des systèmes BACS à grande échelle. De plus, le développement de bâtiments autonomes en énergie capables de produire et gérer leur propre consommation s’annonce comme une avancée majeure pour réduire l’empreinte écologique des infrastructures.
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Un pilotage actif et continu de la GTB, alliant technologie et expertise humaine, est essentiel pour maîtriser l’efficacité énergétique et prévenir les dérives coûteuses sur le long terme.
En conclusion
En imposant des normes de performance énergétique strictes, le décret BACS et la directive EPBD participent activement à la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments en Europe. Ces réglementations ouvrent la voie vers des bâtiments durables et performants, qui contribueront à atteindre les objectifs climatiques européens.
Pour les gestionnaires, adopter dès aujourd’hui les technologies GTB et BACS représente un investissement stratégique. Cela permet non seulement de respecter les exigences réglementaires, mais aussi de profiter d’un confort amélioré, de coûts réduits et d’une meilleure compétitivité. En anticipant cette transition, les entreprises peuvent ainsi contribuer à un avenir plus respectueux de l’environnement tout en optimisant leurs performances.